[Test] Enslaved: Odyssey to the West

En 2008, Ubisoft sortait un Prince of Persia tout beau tout neuf, qui se permettait de remettre la plate-forme au cœur du gameplay. Moins libre ou moins exigeant qu’auparavant, le jeu était plus centré autour du rythme et des réflexes des joueurs. Si j’en parle ici, c’est parce que Enslaved: Odyssey to the West partage avec Prince of Persia énormément de ressemblances, des couleurs chatoyantes au duo de protagonistes.
Très rapidement toutefois, Enslaved: Odyssey to the West va se démarquer : l’histoire se passe dans un futur lointain, sur une Terre ravagée par un cataclysme qui a poussé les rares survivants à fuir les villes, poursuivis par des robots et des esclavagistes sans pitié. C’est à bord d’un de leur vaisseau que tout commence, au cours d’un premier niveau franchement réussi. Le reste de l’aventure se passe tout d’abord à New York, envahie par la végétation, avant de partir vers d’autres horizons…

Certains décors sont franchement splendides

L’histoire en elle-même est assez curieuse. Non content de proposer de jolies cinématiques en motion-capture avec Andy Serkis himself (Gollum, c’est lui, King Kong, c’est lui et même le chimpanzé de Rise of the Planet of the Apes, c’est lui), Enslaved: Odyssey to the West s’offre une aventure assez prenante en compagnie de Trip, une jeune femme en apparence forte mais finalement très fragile. Problème : Trip est plus un poids mort pendant tout l’aventure qu’une aide, à la différence de Elika dans le Prince of Persia 2008. Trip se fait poursuivre, tombe, appelle à l’aide, se fait piéger par à peu près tout ce qui passe sur son chemin… Elle devient même, avec un troisième personnage fort sympathique qui déboule dans la dernière partie du jeu, responsable de certains évènements désagréables. Et si la narration marche plutôt bien, le jeu se paye un final tellement surprenant et tellement pas préparé, qu’on reste un peu sur sa faim. L’histoire, très inspirée par Le Voyage en Occident, l’un des grands livres de la culture chinoise (qui a, entre autre, « aidé » Toriyama sur son Dragon Ball), est par ailleurs co-écrite par Alex Garland (romancier et scénariste attitré de Danny Boyle), qui avait déjà travaillé sur Heavenly Sword, le titre précédent de Ninja Theory.

Monkey est une brute sanguinaire et n'aime pas du tout les robots

Qu’importe l’étrangeté de la fin, parce que pendant les dix ou douze heures de jeu de Enslaved: Odyssey to the West, il faut avouer que l’on s’ennuie assez peu. Ninja Theory a réussi étoffer les différents gameplays qui émaillent le jeu pour varier les plaisirs. Tout d’abord, il s’agira de faire de l’escalade. Là, rien de bien difficile vu que toutes les surfaces à escalader brillent… même si les derniers niveaux offrent un joli challenge. Monkey sera aussi capable d’affronter les ennemis grâce à un bâton magique ; cette partie beat ‘em all fonctionne bien, sans doute à cause de la variété des ennemis. Si la caméra fait un peu n’importe quoi, les combats restent animés et prenants, avec un peu de tactique, surtout dans le dernier niveau de difficulté. Reste encore quelques passages en “nuage”, petit véhicule que Monkey pilote avec une grâce et une maniabilité surprenante ; il s’agira souvent de courses et de sauts.

Une phase d'infiltration typique de Enslaved: des robots attaquent et tu dois réussir à les éviter

Enslaved: Odyssey to the West se démarque surtout de la concurrence par son approche assez intelligente de certaines zones : au lieu de se battre il vous faudra parfois éviter les ennemis ou alors faire le tour discrètement pour déconnecter une tourelle de sécurité. Ces passages, très surprenants, donnent au jeu un petit côté infiltration très réussi mais risquent de perturber les bourrins qui cherchent avant tout à casser du robot.
Le tout a finalement une bonne gueule : techniquement le jeu n’est pas ahurissant mais c’est esthétiquement coloré et joli. Les visages sont superbes, les voix impeccables et certains passages ne manquent pas de gueule : des robots géants, le pont de Brooklyn en ruines, un barrage… Au final le jeu perd en continuité et en réalisme ce qu’il gagne en exotisme.

Monkey veut aider Trip... mais cette dernière est un boulet.

Difficile de déconseiller Enslaved: Odyssey to the West. Ce n’est sans doute pas un chef d’œuvre, ni un jeu unique en son genre, il est le résultat d’une production efficace, d’une narration qui veut en faire trop et de bonnes idées de gameplay mais sans doute trop différentes et éclectiques (de l’infiltration, du combat bourrin, de l’escalade, des énigmes, etc.) pour convaincre tout le monde. Reste que son aventure vaut le détour et qu’il est actuellement trouvable pour une bouchée de pain dans vos crémeries habituelles. Trip et Monkey vous attendent pour un joli voyage, n’hésitez pas.

Author: Le Yeti

Le Yéti est scénariste et narrative designer, a travaillé chez Ubisoft et chez Monkey Moon. Il a aussi co-écrit un article dans Les Cahiers du Jeu Video : Girl Power #4 (disponible aux éditions Pix ‘N Love). Retrouvez-le sur Twitter ou sur SensCritique.

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