Vendredi soir, après une journée de travail hyper frustrante et encore portéee par un mardi soir tellement épique que j’y repensais toujours trois jours après, pétrie de frustration et d’impatience, j’ai rédigé ce billet.
Après presque 2 ans sans rien écrire.
Et puis, je me suis longuement demandée quel était le meilleur jour pour publier ça, et alors que je m’évertuais à évaluer les meilleurs heures et jours de la semaine, tout mon fil twitter s’est synchronisé pour m’informer que dans 3 jours, ça fera un an tout pile qu’on avait été confinés. Du coup, maintenant ou dans 2 jours, niveau timing, qu’importe, je pense que je serai pas mal.
Ça va bientôt faire un an qu’on a découvert ce concept de vieux, de temps de guerre, de souffreteux en temps de peste :
Le confinement
Et ça va faire un an qu’on navigue entre reconfinement, distanciation sociale et couvre-feu. Et j’ai vu le monde se passionner pour la cuisine, le tricot ou toute activité chronophage, parce que tout le monde en avait à revendre pendant ce confinement, du temps.

Mais pas moi. Parce que j’avais la chance de pouvoir travailler à la maison, sans trop me poser de question sur mon solaire ou avenir professionnel. Et aussi la malchance de devoir concilier ça avec l’enseignement à la maison. Et un compagnon en train de migrer tout le système informatique de sa boite. À distance. Easy. Ahahah. Et que pour couronner le toute, l’enseignant de Mini-Plop avait décidé de « maintenir le rythme de l’école ». Ahahaha. Easy, deuxième.
Je me suis vue suivre des réunions de production avec un casque sur une oreille pendant que de l’autre j’essayais de suivre la leçon de phonologie de CP. Parce qu’évidement, il a fallu que ça tombe sur l’année de CP. L’année « la plus importante ».
(A ce propos, si on vous dit ça, c’est un mensonge. L’année la plus importante, c’est toujours la prochaine, celle que votre progéniture peut potentiellement rater.)
Tout ce temps excédentaire, à combler avec la fabrication du pain, l’apprentissage de la guitare, les cahiers à colorier ; ce temps étiré à l’infini, celui qui rendait fou les gens parce qu’ils ne savaient plus quoi en faire, j’en aurai bien eu besoin, moi.

Quoique… Je n’aurais probablement pas eu l’énergie d’en faire quoi que ce soit.
Nerveusement et physiquement épuisée comme je l’étais.
Le reste de l’année
Et puis on s’est habitués. Ou on a fait comme si. En mai, j’ai passé une soirée sur la terrasse d’un appartement parisien, pour célébrer un anniversaire déjà passé et surtout fêter la fin tant attendue de ce confinement. C’était d’une banalité folle. J’ai recommencé à sortir de chez moi, à voir la lumière du jour, la vraie, direct dans les yeux, mais sans trop voir les gens non plus.
J’ai adoré profiter de l’arrivée de l’été, dans une maison au bord de la plage, ma tour de bureau sous le bras. Pas en vacances, mais au moins plus enfermée dans un appart parisien sans balcon. On a décompressé et on s’est préparé à une autre rentrée. Je suis retournée dans un bar deux fois et dans un restau une fois. Une pizzeria en terrasse, avec les collègues.
Et puis on a reconfiné. Mais en gardant les écoles ouvertes.
Probablement sans logique mais en préservant ma santé mentale.
Et ’ai apprécié ma chance de ne pas être jeune. De ne pas avoir 20 ans, enfermée seule dans un minuscule studio, loin de tout, de l’école, de la famille et des amis. D’avoir un Mini-Plop pour me noyer de câlins TOUS LES JOURS. Que je sois d’humeur ou non.
Que, encore une fois, moi, ça allait.

Et moi…
Et puis en décembre, j’ai sorti un jeu vidéo. Mon premier en tant qu’Associate Producer Senior. Avec une équipe entière en télétravail. Sans horaires débiles, sans gens trop fracassés à la fin. C’était à la fois incroyable et tragique. Tragique de lever son verre à la fin d’un projet de plusieurs années pendant une réunion Zoom.
Et deux mois après, quand j’ai récupéré de toute la fatigue et la tension qu’on accumule quand on sort un jeu, je me suis demandé où étaient passés mes plans ? Qu’avais-je fait des « moi aussi quand j’aurai fini ce projet, je ferai comme au temps du confinement, je me mettrai à faire du pain, lire des piles de livre, essorer des jeux, reprendre le tricot… ».
J’ai remonté mes manches pour réaliser qu’en fait, on est sous couvre-feu. Bam.
18h, rideau.
Que c’est l’hiver ; que ça fait un an qu’on est moitié enfermés volontaires, moitié séquestrés contre notre gré ; que j’ai plus le moral et donc pas l’énergie pour faire des trucs ; que je suis probablement moins cassée que la majorité des gens que je côtoie tous les jours, mais que ce n’est pas non plus la folle allégresse.
Et que mon shoot de vie, mon échappée belle, mon moment de pur kiff, c’est cette soirée du mardi soir. Quand je lance Roll20 pour retrouver les collègues en ligne, active le micro et me glisse dans un personnage de Donjons et Dragons. Comme quand j’avais 15, 20 et 25 ans.

Et que cette échappatoire est tellement puissante que je la prolonge et l’étire tant que je peux, en rédigeant un journal d’aventure. À la main dans un cahier à petits carreaux. Et qu’écrire, ça me donne encore plus envie d’écrire.
Et je me suis souvenue que jadis, je n’écrivais pas seulement pour être lue par des gens, proches ou inconnus. Que j’écrivais surtout pour moi. Pour être lue par moi. Pour que la moi du futur n’oublie jamais la moi d’aujourd’hui.
Alors moi du futur, laisse-moi te conter l’incroyable aventure qui m’a sauvée quand en 2020 le coronavirus nous a tous enfermés…
Ça commence avec la première partie : [Les Chants de Mer] La fin de l’innocence
14 mars 2021
Oh oui !
Je veux de l’aventure !
<3
14 mars 2021
<3