Samedi, dernier, c’était le 8 mars, la journée internationale de la femme.
Il faisait beau et doux, comme une journée de printemps et j’étais partie brunché avec Tatoe, Monochrome et d’autres potes dans le centre Paris (oui, une fois de temps en temps, j’aime faire ma bobo parisienne qui brunche rue Montorgueil) et j’ai été assez surprise quand, en fin de repas, chaque cliente s’est vue offrir une rose « pour célébrer la journée de la femme » par l’établissement où l’on était.
…
Du coup, j’ai tenté de lancer un débat enflammé sur ces entreprises (Nalexa si tu me lis…), qui offrent des cadeaux « à la con » à leurs employées. Il s’agit le plus souvent d’un truc qui, d’une façon ou d’une autre, célébré le consumérisme, la frivolité et la soumission face aux normes esthétiques et sociales que la société attend des femmes (bijoux, séance de maquillage, vêtements, chaussures, etc). Mais de débat enflammé, il n’y eu point, puisque repus et assommés par la chaleur, on est arrivé à un statut quo comme quoi, une rose, c’est quand même « pas si pire ».
Sauf que cette rose que j’ai ramenée chez moi et mise dans une vase, parce que quand même j’aime bien les roses, trône dans mon salon depuis et semble me narguer, me susurrant à l’oreille, « c’est pas si pire« . Et que, à force de la regarder, j’ai fini par comprendre pourquoi ce n’était guère mieux qu’une séance d’épilation ou qu’une nouvelle mini-robe qu’on aurait pu m’offrir pour « célébrer les femmes » : ramener la journée de la femme à « aimons les femmes, elles sont belles, elles donnent la vie, elles sont trop chouettes « , c’est biaisé le message de cette journée, déjà pas très clair.
La journée de la femme est là pour nous rappeler que partout dans le mondes, des femmes sont privées d’éducation, victimes de harcèlement, de violences physiques et/ou sexuelles, payées moins chères que les hommes (à part peut-être dans le secteur numérique et encore, j’ai pas été vérifier) ; bref, que partout dans le monde, la moitié de l’humanité est traitée comme des sous-Hommes, parce que née avec un vagin plutôt qu’une verge.
Et que mon petit cœur de féministe du dimanche sait que recevoir des roses, c’est super, ça met de bonne humeur, mais que ça ne fait pas avancer le débat et que limite, ça l’étouffe. Parce que si on continue comme ça, la journée de la femme sera une énième fête des fleuristes et des chocolatiers, coincée entre les fêtes des mères, des grands-mères et autres secrétaires.
Alors très chers restaurants, boutiques et entreprises qui offrez des cadeaux à vos clientes et à vos employées, je vous propose plutôt, l’année prochaine, d’utiliser ce budget pour imprimer des flyers, sur lequel on pourrait lire avec plaisir et émotion qu’en cette journée de la femme, 10 % de ce que l’on a acheté, consommé ou que l’intégralité du montant du cadeau « journée de la femme », a été reversé à une association qui lutte pour le droit des femmes. Et franchement, ce n’est pas ce qu’il manque.
Parce qu’honnêtement, je préfère ne pas avoir de rose annuelle et savoir qu’Alexandre Astier et Julie Gayet n’ont pas eu à s’associer à la réalisatrice Lisa Azuelos, pour le court-métrage 14 millions de cris, dont les images me hantent depuis 3 jours :
Parce je préfère ne pas avoir de rose annuelle et ne plus avoir à constater que le sexisme est encore à l’œuvre tous les jours, comme lorsque je lis les témoignages de femmes qui décident, comment tant d’hommes, de gagner de l’argent avec leur corps et/ou leur sexe et qui, elles, le paye durement chaque jour. Encore.
Parce je préfère ne pas avoir de rose annuelle et ne plus entendre sur France Info une petite fille expliquer que, d’après elle, la journée des femmes, c’est chouette, parce que c’est une journée où les hommes font la vaisselle et le ménage pendant que les femmes peuvent rester sur le canapé à regarder la télé.
Parce que le chemin est encore long et qu’aucune rose ne nous fera avancer plus vite.
10 mars 2014
Rhalala les femmes, offrez-leur une fleur pour leur faire plaisir, elles trouveront encore le moyen de voir le mal derrière ! ;-)))
Je plussoie ton idée de reverser l’équivalent de ces cadeaux à des assoces, en tout cas. Après, comme tu dis, il reste tellement de choses à faire… Ne serait-ce qu’en France déjà, réussir à avoir une vraie égalité en matière de salaires, d’opportunités professionnelles, d’accès à certains emplois et fonctions, mais aussi arriver à faire réduire les chiffres des violences faites aux femmes (de toutes formes, aussi bien physique que psychologiques et morales, sexisme, etc.). C’est dingue qu’en 2014, on en soit ENCORE que là où on est, et le pire c’est de se dire que c’est encore pire dans tellement d’endroits du monde… :’-(
10 mars 2014
Diraen, juste <3
Pour tout dire, quand ma boite offrait une rose, je ne râlais pas autant que ces 2 dernières années où elles furent remplacer par un objet. J'ai aussi failli mettre un lien sur l'intra où cette "formidable" opération était annoncée pour expliquer pourquoi on ne devait pas tomber dans "youhou trop génial c'est la fête, merci pour ce magnifique cadeau, j'en ai rêvé toute ma vie". Seulement, je passe assez pour la méchante, je n'ai pas voulu en rajouter 🙂
10 mars 2014
Un chocolat ? :love: