[Critique] Sucker Punch – Zack Snyder

Sucker Punch n’est pas bon.
Non, clairement pas.
Il n’est même pas moyen.
Mais ce n’est pas un sombre nanar pour autant.
Vous voilà bien avancés hein.
Bon, je me lâche. Je raconte tout, sans détours et sans balise spoiler non plus.

D’ailleurs, je commence par vous raconter le truc :

Orpheline, poursuivie par un beau-père incestueux, une jeune fille tue accidentellement sa jeune sœur en essayant de la sauver. Placée dans un asile d’aliénées par un beau-papa qui veut récupérer son héritage, elle sera lobotomisée dans 5 jours.
Pour fuir mentalement cet enfer, elle s’imagine un cabaret, où, devenue Babydoll, elle rencontre Blondie, Amber, Sweet Pea la meneuse et sa jeune sœur Rocket. Avec l’aide de ses compagnes d’infortunes, elle devra récupérer 5 artefacts qui lui permettront de s’échapper de ce qui se révèle être un peu plus qu’un cabaret : un bordel où les spectacles ne sont que les préliminaires. Mais quand Babydoll danse, ce sont de nouveaux mondes qui entrent en scène, des univers où, sous la houlette d’un vieux mentor, ce sont les filles qui ont le pouvoir.

Photo - Emily Browning est Babydoll

Sucker Punch et moi ça a très bien commencé. Enfin, au moins le premier quart d’heure. J’ai fais des « ah » des « oh » devant la mise en scène et le traitement de l’image. Sûrement un peu grâce à la B.O (une vraie tuerie) qui enrobe joliment un intro claire, dynamique et concise. Et puis ce parti pris d’une quasi-intemporalité m’a ravie.
La désaturation extrême des couleurs illustre parfaitement le désenchantement, la spirale infernale qui mène jusqu’au cœur d’une maison d’aliénées crasse.
Et puis on bascule dans le premier cercle.
Moi j’ai bêtement cru que c’était le premier cercle de l’imaginaire. J’ai vite déchanté en réalisant que Snyder avait la ferme intention de me donner un aperçu de chez Dante plutôt que de chez l’Alice de Lewis Carroll. Le blond platine du personnage principal, Babydoll, n’était qu’une diversion.
Parce que le cabaret/maison close n’était qu’un préliminaire vicieux (et j’utilise ces mots à dessein).

JENA MALONE est Rocket, ABBIE CORNISH est Sweet Pea et VANESSA HUDGENS est Blondie
Vient la scène où tout a basculé : le film dans le n’importe quoi, le scénariste dans la drogue et moi dans le désespoir et l’inconfort.
Car Babydoll doit improviser une danse.
Moi, naïve, je me dis « Ok, avec cette B.O de malade, ça va grave envoyer du bois ».

Ben non.

Point de danse, juste un temple dans la neige et un vieux grigou qui fournit à la jeune fille une paire de flingues et un katana.

Mince, je m’attendais à tout sauf à un remake de Karaté Kid… (Par contre, le rêve dans le rêve à comme un goût d’Inception.)

Screeshot - Scott Glenn fournit son Katana à Babydoll

Je vous rassure tout de suite, il n’y aura pas de formation au corps-à-corps, à l’esquive ou autre technique de combat. Non, on passe directement à l’affrontement avec des colosses ninja (!).
Là, j’ai pensé à Shadow of the Colossus, mais je me suis dit que j’étais intoxiquée.
C’est quand Babydoll a commencé à se concentrer, créant des volutes d’énergie autour d’elle que j’ai pensé à Dragon Ball, et Nalexa, elle a vu une « Fatality » (Mortal Kombat) dans le coup final.

Photo - Colosses Nipponisants

Retour au cabaret où tout le monde semble extrêmement ému devant la danse que Babydoll vient d’achever.
Moi je suis un peu sonnée par ce que je viens de voir, et ce n’est que le début.
Car après les colosses ninja viendront les zombies steam-punk, au design à peine pompés à Killezone, les dragons et l’armée de monstres qui ressemblent furieusement aux Orcs du Seigneur des Anneaux , et enfin des robots qui n’auraient pas renier un lien de parenté avec le modèle NS5 de I, Robot.

C'est le principe des robots d'ailleurs, avoir moins de réflexe qu'un être humain. Normal quoi...

Alors oui, esthétiquement ça fonctionne bien 5 bombes court-vêtues, mais dès qu’on passe aux scènes d’actions, on frise le ridicule.
Au moins pour Buffy, Sarah Michelle Gellar avait pris des cours de kick-boxing. Et déjà, ça la rendait à peine crédible.
Alors Emily Browning (Babydoll) qui fait des sauts périlleux tel Yoda dans « l’attaque des clones », c’est juste affligeant, et ce n’est pas l’excès de slow-motion qui suffit à masquer la faiblesse des acrobaties.
Heureusement que dans l’ensemble le casting est agréable (surtout à regarder) car je ne peux pas nier que les actrices ont grandement contribué à atténuer mon envie de fuir.

EMILY BROWNING est Baby Doll, JENA MALONE est Rocket, ABBIE CORNISH est Sweet Pea, JAMIE CHUNG as Amber et VANESSA HUDGENS est Blondie

Quand enfin le générique défile, je réalise que je me sens un peu sale. Parce qu’il y a, j’imagine, deux façons de recevoir Sucker Punch. Celle où tu t’amuses à essayer de repérer le plus de sources possible et celle qui te donne l’impression qu’on vient un peu de te gaver de références jusqu’à la nausée.

Plus haut je parlais de préliminaires vicieux. En fait Snyder me fait penser à ces mauvais partenaires qui sont persuadés d’être des bons coups alors que ce qu’ils font ne te fait aucun effet mais surtout te met vaguement mal à l’aise mais.
« Tu aimes hein… »
Ben non, Zack, désolée mais là, t’as juste réussi à me donner honte d’être fan d’univers imaginaires (geek comme on dit) en violentant méticuleusement toutes les références que t’as pu trouver.

Montage - comparatif entre les soldats steam-punk de sucker Punch et ceux de KillZone 2

Au final Sucker Punch se résume à 1 h 49 de jolies images, de filles légèrement vêtues et d’une bande-son à base de reprises plus que sympa.
Oh mais… Attendez… C’est CA !
Zack, laisse tomber la réalisation, ton truc à toi c’est le CLIP ! Ou continue à mettre en images les BD de Moore. Ou paye-toi un vrai scénariste/dialoguiste. Mais cesse tout de suite de mettre tes rêves d’ado en image.
Par pitié.

Sucker Punch est une sorte de meringue géante hyper colorée : à la première bouchée, on réalise qu’en plus d’être pleine de vide, cette grosse sucrerie doucereuse vous file des haut-le-coeur ; car les super-combat et les finishers camouflent un film où vous ne verrez jamais la moindre goûte de sang et où les tenues affriolante ne laisse même pas entrevoir un bout de sein.
L’arnaque quoi… De bout en bout.
Dommage car Babydoll et ses amies auraient fait merveille en comics. Et ce ne sont pas les différents artworks et recherches graphiques qui me feront mentir.
Je pense que là, j’aurais VRAIMENT apprécié.

Dessin - Recherche graphique autour de Babydoll Dessin - Recherche graphique autour du logo "Sucker Punch"

Incapable d’assumer réellement ce qui aurait pu être du joyeux kitch, genre Barb Wire ou Tank Girl (les comics hein…), ou d’instiller une once de second degré dans la débauche d’effet spéciaux et de scènes exubérantes, Snyder livre un film ultra-décevant. Et ce n’est pas le twist de fin, basé sur une scène à peine téléphonée, censé remettre en question tout le déroulement scénaristique, qui sauve le film.

Si vous vous posez la question, Sucker Punch sort aujourd’hui, le 30 mars, sur tous les écrans de France et de Navarre.
Et pensez à rester jusqu’au générique, ce sera la seule occasion que vous aurez de voir des scènes de Cabaret…

Montage comparatif entre les monstres de Sucker-Punch et les Uruk-hai du Seingeur des Anneaux

Je pense avoir été à la hauteur du réalisateur en fourguant moi aussi des références à la pop-culture toutes les trois lignes. Si vous pensez qu’il en manque, lâchez-vous dans cet espace qui vous est réservé là, juste en dessous. (Oui, les commentaires, c’est ça…)

Et si tu n’as pas le temps de lire ma longue critique et que tu es arrivé ici parce que tu cherches la conclusion, je te conseille la magnifique critique en image de Monsieur Lâm.

Photo - Emily Browning est Babydoll

Author: Diraen

Pour maîtriser un peu mieux le concept de la Diraen (qui se prononce « dira haine »), il faut considérer que je suis maintenant une femme de 40 ans, qui aime tellement les jeux vidéo qu'elle travaille désormais à leur production et qui raconte sa vie ici, plus ou moins régulièrement, depuis plus de 15 ans.

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15 Comments

  1. Bon, apparemment mesdemoiselles (et peut-être messieurs vu les commentaire sur la demande de poitrines) vous n’avez rien pigé au film. C’est encore une des rares merveilleuse oeuvre du 7e art que nous offre Snyder, qui d’ailleurs nous en a offert pas mal avec ses précédents films. Alors oui, on peut concevoir que ça ne plaise pas à tous mais aller au ciné pour voir du dénuder franchement vous avez internet, ça coûte moins cher et vous avez pas besoin de bouger vos miches. Je vous conseille vivement d’aller lire cet article: http://lestoilesheroiques.blogspot.com/2011/03/sucker-punch-fin-sucker-punch-reve.html (attention spoiler du film) où le font du scénario est analysé et raconté avec brio et où on nous dévoile la face cachée de l’histoire, et c’est cela un bon film, quand on retrace fidèlement un bouquin (Watchmen, et non pas certains Marvel malgré que j’en soit fan également) quand on nous en met plein les yeux, fait réfléchir et comprendre une idée !

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    • J’ai vu le twist de fin a peu près comme ça, même si je n’ai pas à 100% la même vision et la même conclusion. Ca n’empêche pas que je trouve l’histoire naze. Comme je le dis dans mon article, ce n’est pas le twist de fin qui excuse tout le bordel et l’indigestion de références qu’on se cogne pendant 1h30. Savoir écrire un film ne se résume pas à inventer une seconde lecture compréhensible par des indices en négligeant totalement la première réception.
      Et enfin un film où, à première vue, les femmes ne prennent le pouvoir soit qu’en se tortillant à moitié à poil, soit dans leurs rêves, ça m’a pas emballé des masses (même si en effet, ce n’est que le vision d’une des filles et pas la réalité réelle :-))

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  2. Bonjours a tous, moi je voulais vous dire que je ne suis pas daccord avc vous, je l’ai trouvé absolument géniale comme film !!!! Mais il est vrai que pour admirer tout le potentiel de ce film ,il faut etre plongé dans l’univers geek jusqu’au cou ! Je trouve que se sont justement toutes ces références au jeux video et autres films qui font la beauté et le potentiel de Sucker Punch !!
    Et je suis daccord avc vous, la B.O. est absolument magique 😀

    (p.s: je n’ai pas regretter ma place)

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  3. @larcenette: je pense qu’on a pas reçu le film de la même façon, définitivement.
    @Maia87: Je suis d’accord, le film n’est pas fait QUE pour le geek, en fait, je pense même que ce film n’est pas fait pour la majorité des geeks. Il est destiné au plus jeunes (geek ou non) et aux non-geeks.
    Personnellement, je n’ai pas cherché à identifier les références, c’est juste qu’elles étaient tellement évidentes qu’elles ont complètement perturbé mon visionnage, c’est vraiment dommage. :/
    Quant aux séquences de rêve/guerre, je ne les ai pas trouvé toutes bien dosées, puisque pendant la dernière, je me suis surprise à en avoir juste marre : trop de mouvements, trop de sauts périlleux, trop de bruit, trop, trop, trop !
    Du coup, savoir qu’il existe une version ENCORE plus longue ne me donne pas envie, même si je me dis qu’une version longue doit permettre de se débarrasser de cette sensation que la fin est bâclée, expédiée en urgence.
    Tu me raconteras ce que ça ajoute cette version longue ?
    Définitivement, je suis trop vieille pour ce genre de truc ! :lol2:

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  4. Faudrait un peu arrêter cette manie de devoir à tout prix repérer des références dans les films d’aujourd’hui. On apprécie mieux une œuvre sans se demander constamment « où-est déjà vu ce design ? à quoi me fait penser ce personnage ? » etc. Sucker Punch est un bon film avec plusieurs niveaux de lecture et n’est clairement pas QUE destiné aux geeks. Quand aux séquences dans les maps imaginaires, elles sont bien dosées et le casting s’en sort à merveille. A noter aussi que la version ciné est la version COURTE. La Director’s Cut avec 20mn en plus est prévu pour Septembre.

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  5. Je viens de lire la critique de Nivrae : j’ai cette fichue impression qu’on n’a pas vu le même film. Là ou elle a kiffé, moi je me suis fait chier…
    En même temps « elles sont toutes très belles », j’ai envie de dire que c’est normal sur un film qui travaille sur l’esthétisme, ils allaient pas prendre Rosy de Palma quoi (bien que ça aurait pu être drôle)…

    Les gouts, les couleurs, tout ça en fait… 🙂

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  6. @Nalexa: Ah ça me rassure… Je pensais que ça venait de moi :p
    @Force Rose: Ben moi, les filles je les ai bien aimées, parce que justement, pas en train de secouer leurs boobs dans tous les sens ! (ben oui, elles en ont pas) Elles étaient plutôt naturelles et franchement ça change !

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  7. Je n’ai rien de mieux à dire : passé la première demi-heure, on s’ennuie ferme ! Les scènes d’action ne sont pas vraiment violentes (ça manque de nerf et de sang), les filles ne sont pas vraiment sexy (ça manque de fesses et de sensualité), l’histoire est bidon, les pseudo-rebondissements ridicules.
    Par contre, ça m’a donné envie de revoir Tank Girl 🙂

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  8. Purée je savais bien que j’étais fatiguée et que je m’étais loupée à moitié sur mon comm. Je ne comprends pas ce que je voulais dire avant zimages :shocked:

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  9. Il me tente malgré tout ce film, on verra bien.
    Quoiqu’il en soit, j’ai la carte UGC Illimitée, ça compensera au cas où ^^

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    • Si tu as deux heures à perdre et une carte illimitée, fonce! 😉

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  10. @Nalexa: Ah bha c’est sûr qu’esthétiquement il est chouette, mais un clip de presque deux heures, ça fait un peu long ! :p

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  11. Et mais moi aussi j’ai pensé à Dragon Ball, c’est juste après le dernier coup au moment où elle retombe sur ses pieds que mon esprit a crié FATALITY !
    Sinon, après avoir lu ton avis, il ne diffère pas tant que çà du mien, c’est juste que maintenant un peu plus à ce qu’on a vu, j’ai juste regardé les zimages 😀

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  12. Bon je suis rassurée, parce que ton ressenti (et les inception/jeu vidéo et compagnie) c’est peu ou prou le même…
    Grosse, grosse déception donc. Je me demande si il y a des gens qui ont vraiment kiffé. Mais genre vraiment quoi… J’aimerais bien avoir leur point de vue.

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