[Critique] La Marche – Nabil Ben Yadir

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Note : j’ai été invité à une projection du film en avant-première. Le montage était final, mais les crédits étaient encore incomplets.

En 1983, j’avais 6 ans. Je suis arrivé à Paris un an avant, et j’étais bien trop petit pour comprendre ou même savoir ce qui se passait à cette époque. Plus tard, j’ai connu les divers mouvements comme Touche pas à mon pote, mais ça s’était bien après.
En 1983, le pays avait aussi connu la crise (celle du pétrole quelques années auparavant), et comme aujourd’hui, les dérapages racistes étaient un sordide sujet d’actualité.
30 ans après La Marche pour l’égalité et contre le racisme, la vraie. le film tombe donc à point nommé.

Comme maintenant, 30 ans après La Marche, la vraie. Et c’est pour ça que ce film tombe malheureusement à point nommé.
A l’origine, un incident bête. Toumi Djaidja, jeune de la cité des Minguettes, est victime d’une bavure policière suite à son intervention auprès d’une personne attaquée par un chien policier.
Une balle l’atteint, ne le tue pas, mais aurait bien pu mettre le feu aux poudres.
Au contraire, son engagement précédent est renforcé et il décide de faire prendre conscience aux gens en organisant une marche pacifique jusqu’à la capitale, accompagné d’un groupe de personnages éclectiques (wouah un mot compliqué à la mode dans l’article, je suis content de moi). Ils finissent par être des milliers à Paris pour faire passer le message au gouvernement Mitterand encore tout frais.

Le film s’inspire des événements réels de la marche pour délivrer un sujet lourd, difficile et très actuel. J’y suis allé en touriste, exprès. Je ne voulais rien savoir sur le film, et comme le sujet m’était inconnu, j’en savais au final encore moins que prévu.
Aussi, en arrivant, dossier de presse à la main, je réalise que je vais peut-être devoir assister à un enchaînement d’événements sordides, tristes, et que je vais sortir de la salle plombé, prêt à me jeter sous la première voiture traversant les Champs Elysées.
Et là, surprise. Le film aborde le problème avec réalisme, ne tombe jamais dans le piège de l’exagération. Les personnages sont relativement archétypés, mais on n’a jamais cette impression qu’ils ont été créé spécialement pour avoir des emmerdes dans cette histoire. Les acteurs m’étaient inconnus (je ne suis pas un spécialiste, loin de là), sauf Jamel Debouze, qui au final, je dois bien le dire, à défaut d’être original, joue un personnage qui fonctionne bien (son perso dans Amélie Poulain pourrait être son frère jumeau ici).

En dehors de la grande histoire, noble, il y a les petites histoires entre les personnages, qui finissent tous par grandir, évoluer. Face à l’adversité, le groupe qui lance la marche continue, chute, mais se relève, et on y croit. On y croit et en même temps on s’y attache. Et on fini par comprendre qu’aujourd’hui, on est un peu dans la même situation qu’à l’époque. Et le film prend tout son sens. Sur la tolérance, sur la manière d’aborder l’autre, celui qui est différent, mais pourtant pareil à nous-même.

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J’en suis sorti ému finalement, parce qu’on oublie quand même vite ce genre d’événement, et encore plus vite quand il n’y a pas de monuments aux morts. Et pourtant il y en a eu à l’époque. Un chouette film sur un sujet quand même pas facile.

Le film réalisé par Nabil Ben Yadir sort en salles le 27 novembre, et je vous conseille d’aller le voir !

Un film de : Nabil Ben Yadir
Pays d’origine : France
Avec : Olivier Gourmet, Jamel Debbouze, Charlotte Le Bon, Hafsia Herzi, Tewfik Jallab…
Durée : 120 min (2h)
Date de sortie en France : 27 novembre 2013
Vu en : VO (Français)
Voir la bande-annonce:

Author: Monochrome

Dans la production vidéoludique le jour, et ...autre chose la nuit ! Beaucoup trop de choses à faire dans la vie, et pas assez d'heures dans une seule journée pour les faire. Je dois faire partie de ces éternels insatisfaits qui finissent par trouver le bien-être au travers d'un espresso, le matin sur son balcon. Ou en écrivant quelques lignes qui me passent par la tête.

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