Vendredi, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai entamé une parfaite approche pour convaincre Sempaï que ce soir, « on regarde une série française ». Un magnifique regard de chien battu plus tard, j’ai obtenu gain de cause et j’ai prié pour que Empreintes Criminelles, la nouvelle série de France 2, ne soit pas trop mauvaise.
Nous sommes à Paris, dans les années 1920.
À l’intérieur d’un grenier poussiéreux de la PJ parisienne, un laboratoire de police unique au monde prend forme…
Un groupe à part qui constitue le socle d’une section révolutionnaire et néanmoins fragile.
Julien Valour, policier torturé mais visionnaire, est aux commandes de cette unité très spéciale. Il est accompagné de Léa Perlova, une experte scientifique indépendante et féministe, Pierre Cassini, un flic de terrain à l’ancienne, Marius Delcourt, un policier doué pour les inventions en tout genre, Martello, un jeune flic idéaliste, et Pauline Kernel, une jeune bourgeoise qui fait ses premiers pas comme médecin légiste.
Avec la volonté des pionniers, ces hommes et ces femmes se battent sans relâche pour imposer leurs nouvelles méthodes… Ils tentent de faire perdurer cette unité dont l’existence est régulièrement remise en cause par la police classique…
Source : Season 1
Le premier épisode était un peu hardcore : le jeu des acteurs était, quand même, soit poussif, soit exagéré. Alors soit, la série se déroule dans les années 20, mais le jeu d’acteur, trop théâtrale, donne à ce premier épisode un côté suranné un peu « too much ».
Mais on s’est accroché pour rester devant le second épisode et, finalement, on ne s’est pas forcés outre mesure, car Empreintes Criminelles a aussi des côtés plutôt plaisants : la réalisation tout d’abord, les mouvements de caméra, certains plans, les cadrages, la photo, tout dans cette série transpire une vraie volonté d’impulser un peu de modernité et de dynamisme dans les productions françaises. Alors non, ce n’est pas encore à la hauteur d’une série Canal + (Braquo, Pigale la nuit) mais l’effort est là.
J’ai eu un vrai coup de coeur pour les transitions, montrant un Paris vu depuis les toits.
Et puis, étonnement, les effets spéciaux sont majoritairement bien fichus.
A quelques exceptions près, tout se fond assez bien dans le cadre, et c’est très agréable, voir carrément surprenant, de découvrir un Paris « années 20 » plus vrai que nature… De quoi vous rendre nostalgique.
La preuve en image :
Bonne surprise également pour mes oreilles au niveau de la bande-son, des dialogues et des silences.
Quand je regarde des séries comme C.S.I : les experts, je suis toujours frappée par la gestion des « silences » : on peut parfois avoir 30 secondes d’affilées sans qu’une seule parole ne soit prononcée. L’image, soutenue par une bande son un peu électro se suffit à elle-même.
Et sur ce point, les séries française m’horripilent : c’est verbeux ; le français s’écoute parler et oralise tout, jusqu’à la moindre action simplissime.
Insupportable.
Empreintes Criminelles m’a bluffée sur ce point, avec des scènes originales mises en valeur par une bande son contemporaine.
Massive Attack, Bat For Lashes, AIR ou Lily Allen tranchent sympathiquement avec l’ambiance années 20 (parce que clairement, la musique d’époque, ça m’aurait achevée).
Quant aux personnages, dans ce premier épisode, ils sont assez inégaux et mal dégrossis dans l’ensemble : le chef de section, en quête de reconnaissance et accro à l’héroïne ; la chimiste : féministe militante (le modèle qui ne voit la vie que par le prisme de son combat) et castratrice ; le flic de base, droit dans ses bottes et dans ses convictions, pas trop dérangé par une justice expéditive et ne captant rien à la science appliquée au crime ; la légiste : tiraillée entre son rôle d’épouse parfaite et la volonté d’appartenir à quelque chose de plus grand, etc.
Tout cela couplé au jeu des acteurs faiblard dont je parlais plus haut, ce n’était pas très réjouissant mais dès le second épisode les choses ont commencé à s’affiner, on sent les acteurs plus à l’aise aussi bien dans leurs baskets que dans leurs personnages. Et on sent que la série décolle même si la grosse marge de progression encore disponible est également palpable.
D’ailleurs dans l’épisode trois, c’est presque la révélation : on sent la machine bien huilée qui commence à trouver son rythme, et ce même au niveau du scénario (grosse faiblesse des deux premiers épisodes).
De ce point du vue, Empreintes Criminelles me fait vaguement penser à Cold Case : là où l’on s’attend à une vraie enquête (comme dans une série policière quoi…), on se retrouve d’abord avec des flics qui avancent à tâtons, accusent, interrogent, découvrent une autre piste et repartent à la charge dans cette direction sans aucun véritable esprit d’investigation logique. Rien de passionnant et pas de gros challenge niveau réflexion pour les spectateurs.
Du coup, je trouve le troisième épisode un peu mieux construit et immersif que les deux premiers. Étrangement, cette amélioration des intrigues et de la construction correspond à un changement de casting pour les postes de scénaristes… Je dis ça, je dis rien.
Enfin bref, à la lecture de ce billet, Empreintes Criminelles n’est certes pas la série de l’année mais c’est un petit essai français prometteur qui me redonne un peu la foi en la télévision publique. Et puis c’est une série qui vit avec son temps et tente le pari du « Web 2.0 » par le biais d’un compte Twitter et d’une page facebook. Pour France 2, même en 2011, c’est suffisamment rare pour être souligné.
C’est donc avec beaucoup de curiosité et une certaines impatience que j’attends les 3 prochains épisodes, diffusés vendredi prochain, le 1er avril, qui viendront clore la première saison.
A ce sujet, carton rouge à France 2 qui attend les retours d’audience pour lancer la production de la seconde saison.
Effet Clara Sheller garanti : la second saison sortira dans 2 ans, quand plus personne ne se souviendra de l’univers et que la moitié des acteurs seront partis vers d’autre cieux.
Ou comment tuer les initiatives sympas dans l’œuf.
Pour une série ayant couté 1,9 millions d’euros à produire, on aurait pu espérer un peu plus d’ambition.
La production française, c’est mieux, mais c’est pas encore ça…
Vous pouvez revoir Empreintes Criminelles sur Pluzz, la télé de rattrapage du groupe France Télévision : Épisode 1 – L’affaire Lefranc, Épisode 2 – L’affaire de l’Orient-Express, Épisode 3 – L’affaire de la maison close
11 avril 2011
@Jibe: Ben je sais pas quoi dire, on n’a, de toute évidence, pas les mêmes sources. Moi, c’est le site de Première.
11 avril 2011
La série n’a pas coûté 1,8 millions. une série de 6 épisodes sur france 2, ça coûte 6 millions.
il suffit de lire écran total
29 mars 2011
Je pense que la personne que j’aurais eu le plus de mal à convaincre de regarder 1789 et demi cet hiver c’était moi :/
Les bandes-annonces ne me disaient vraiment rien du tout.
Et oui, je pense qu’on a tous penser à cet obscure personnage anglais quand on a vu le chef de section incapable de réfléchir parce qu’en manque. quand je dis que les personnages sont caricaturaux, je ne mens pas 🙂
28 mars 2011
Ben, tu aurais pu aussi essayer de mettre ton sempai sur 1789 et demi cet hivers (sur France 3).
perso, j’ai été intrigué et j’me suis décidé à matter pour voir ce que la France avait à offrir en terme de série. (en l’occurrence on parlerait plus ici d’une mini série). Et bien c’était … plaisant.
réalisation sympa (ça ne nécessitait pas des masses de technique non plus, on est pas dans « the shield »)
fin bref.. j’ai matté quasi la totalité des 6 épisodes et j’aurai bien voulu en avoir plus..
Alors bon d’accord, on appâte le chaland avec des minettes toutes plus mignonnes et aguicheuses les unes que les autres (certaines plus que d’autres d’ailleurs, hein) Mais malgré ça, et beaucoup de passage surjoués (pour nous rappeler la belle époque de AB prod) à des fins « comiques », franchement le reste se tenait très bien..
et je pense que ton sempai n’aurait pas été hermétique aux charmes de la belle Pauline (Lou de Laage).
Franchement c’était « frais » (et pas dans le sens ou l’entende les djeunz…quoi que…) Une sorte de petit ovni du PAF. (et on se sent dans la peau de Fox Mulder).
Enfin pour en revenir à Esprits Criminels (que j’ai pas vu hein).. Une sorte de policier qui résout des énigmes et qui est accro à l’héroïne… hum..voyons voyons…
nan, j’ai cru un instant que ça me rappelait qq1.. mais j’ai dû me tromper…
Il est accompagné d’un docteur en médecine…. donc, là définitivement je vois plus…