Oui, je suis un peu en retard, je l’admets avec honte.
Ce film est sorti il y a maintenant 4 mois et j’ai tardé à aller le voir, passant par plusieurs états : la hâte de voir le résultat quand on a commencé à en parler à Cannes, l’envie d’aller le voir quand il est enfin sorti pour faire ensuite place à l’appréhension. A force qu’on nous rebatte les oreilles, surtout en ce moment avec la collection de prix que l’équipe a raflé aux Golden Globes, BAFTA et sûrement prochainement aux Oscars, j’ai fini par craindre que le film ne soit sur-vendu et d’être déçue.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que, étant petite, je regardais certes en boucle les films de Disney, mais aussi les films auxquels The Artist rend hommage. Ainsi, forcément, j’avais de très grandes attentes. Et je dois dire qu’elles n’ont pas été satisfaites…
George Valentin (Jean Dujardin) est une grande star du muet dont la carrière se retrouve sérieusement ébranlée par l’apparition des films parlant. Il va, en parallèle, faire la rencontre de Peppy Miller (Bérénice Béjo) qui va, elle, réussir grâce à cette révolution cinématographique.
Le film est, à beaucoup de points de vue, un gigantesque clin d’oeil à Chantons sous la pluie, à commencer par la trame scénaristique. Il faut bien admettre que Jean Dujardin a un fort air de Gene Kelly (un caméléon décidément puisqu’à l’époque d’ OSS 117, on avait déjà dit de lui qu’il ressemblait à Sean Connery) et, tout comme Gene Kelly dans Chantons sous la pluie, il incarne ce même type de star qui fascinait les foules et qui forme à l’écran avec sa partenaire un couple mythique…qui se détestent cordialement dans la « vraie » vie.
Le début qui dépeint cet aspect-là est assez plaisant. Le réalisateur s’amuse de l’absence de dialogues et bruitages, et offre ainsi des scènes fort sympathiques. Notamment la toute première, lorsque George Valentin présente son nouveau film à une salle comble et qu’il attend, derrière le rideau, la réaction du public. Un plan sur le visage tendu et dans l’expectative de l’acteur, qui se détend ensuite lorsqu’il entend les applaudissements du public, mais que nous, nous ne pouvons qu’imaginer.
Les acteurs sont vraiment bons et moi qui ne suis pas une grande fan de Bérénice Béjo, je l’ai vraiment trouvée charmante et très juste. Une jolie scène lui est d’ailleurs offerte dans laquelle elle se retrouve dans la loge de son héros et joue avec son costume. Adorable.
Quant à Jean Dujardin, il est parfait en acteur abîmé par le progrès. Tous les rôles secondaires sont joués par des mythes américains tels que John Goodman, donc vraiment rien à redire niveau casting.
En revanche, ne fait pas un film muet qui le veut. Réaliser un film muet ne se résume pas à remplacer les dialogues par des cartons (parfois trop longs comparés à l’économie de mots de l’époque) ! De plus, la musique est censée porter le film et a un vrai rôle pour mettre en place les ambiances. Ici, elle est plutôt fade (sauf quand retentit la fameuse musique de Vertigo, comme de par hasard…) (je précise que je n’étais pas au courant qu’il s’agissait de cette musique lorsque je l’ai vu) et ne retentit que quelques secondes après le début de chaque scène. Ce qui donne lieu a de gros blancs, assez étranges. Non pas qu’il n’y ait pas de passages sans musique dans les films muets, mais c’était souvent pour laisser place à une émotion particulièrement forte (et au son du crachotage de la pellicule). Dans The Artist, ces blancs sont souvent en début de scène et cassent ainsi complètement le rythme. Une scène qui s’ouvre sur une rue bondée, agitée, avec des voitures qui circulent dans tous les sens…sans une note de musique ; c’est plutôt morne.
J’ai aussi trouvé que le film comportait de vraies longueurs. Notamment toutes les scènes qui montrent l’acteur sur le déclin, qui s’enfonce de plus en plus dans la déprime, sa femme qui lui demande de partir, etc…c’est trop long ! On a compris qu’il allait mal et de plus en plus mal ! On a compris que son maître d’hôtel lui restait fidèle ! On a compris qu’il refusait catégoriquement d’avancer avec son temps et que c’était une vraie tête de mule ! Non vraiment, c’est trop long.
Mais on retrouve quand même une certaine grâce des films de cette époque. L’histoire d’amour reste subtile et n’est jamais explicitée à l’écran, ne serait-ce que par un baiser final (par volonté de respecter la pudeur des films de ces années-là) et le jeu des acteurs permet à l’exagération des expressions faciales de ne jamais basculer dans le caricatural. Sauf lorsque cela est volontaire et là, Jean Dujardin s’en donne à cœur joie !
En bref, je vous le conseille pour vous faire votre propre avis et pouvoir participer aux débats endiablés (si, si !) autour de l’inondation de prix et de nominations en tout genre – à mon sens certains prix et nominations n’ont aucun sens, notamment celle de la meilleure musique aux Oscars. Mais je vous conseillerai ensuite de voir les originaux des films auxquels Michel Hazanavicius a voulu rendre hommage. Au risque de passer pour une snob puriste !
Un film de : Michel Hazanavicius
Pays d’origine : France
Avec : Jean Dujardin , Bérénice Béjo, John Goodman, James Cromwell, Malcom McDowell
Durée : 1h40
Date de sortie en France : 12 octobre 2011
Vu en : VO
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