Hollywood prépare un film sur Marilyn.
« Chouette » me suis-je dit, naïve que j’étais, à l’époque où j’ai lu cela. Je m’imaginais déjà Scarlett Johansson nous interprétant la Marilyn « publique » pimpante, chantante et la Marilyn dans l’intimité, désarmante de fragilité. J’imaginais un programme de numéros de danse et de séduction et j’espérais en savoir un peu plus sur cette actrice qui a été réduite et cantonnée à un sex-symbol. J’ai toujours été assez fascinée par cette femme qui n’a cessé de jouer un rôle, devant les caméras et autres appareils photos, qui a fait ce que l’on attendait d’elle et qui s’est laissé bouffer par ce tourbillon de paillettes. On sait aujourd’hui qu’elle n’était pas heureuse, qu’elle était complexée et que par-dessus tout, elle souffrait. J’ai toujours eu envie de savoir comment elle était « réellement » car la personne débordante de sexualité, faussement cruche et totalement artificielle que l’on peut voir dans ses films m’agace profondément. C’est d’ailleurs sûrement du voyeurisme de ma part, mais j’aurais aimé voir cette femme au naturel, connaître son discours réel, savoir ce qui se cachait derrière tout cela.
Au final le film en question n’est pas un film hollywoodien au sens spectaculaire du sens. Ce n’est pas un grand biopic clinquant et à grosse artillerie, mais plutôt un film intimiste accompagné d’une musique aérienne au piano, composée par monsieur Desplat, et à l’ambiance « flottante » où les gros plans et les instants champêtres sont au rendez-vous.
My Week with Marilyn n’est pas sur la vie de Marilyn mais est tiré d’un livre autobiographique écrit par Colin Clark, troisième assistant réalisateur sur le tournage du film Le Prince et la danseuse de Sir Laurence Olivier, avec dans le rôle principal, Marilyn Monroe. Cette dernière vient d’épouser Arthur Miller et celui-ci l’accompagne en Angleterre pour le tournage mais il quitte abruptement le pays en laissant Marilyn seule. Le livre – et le film – relate cette fameuse semaine lors de laquelle Colin Clark a eu l’occasion de cotoyer (et plus) l’actrice.
Nous assistons donc aux conséquences et aux réactions des uns et des autres face aux simagrées de l’actrice pendant le tournage. Elle ne doit être contrariée sous aucun prétexte, sous peine de ne plus réussir à jouer pendant une durée indéterminée. Marilyn pleurniche, souffre, flirte, se shoote aux médicaments, sait détendre (et tendre) l’ambiance sur le plateau comme personne, n’a aucune confiance en elle, ne supporte pas d’être seule, a besoin de la présence constante de sa « coach » (personnage plus qu’ambiguë, que recherchait-elle exactement à accomplir avec Marilyn ?), etc. Au final, c’est un personnage plutôt insupportable qui est décrit. Insupportable mais fascinant.
Michelle Williams livre ici une belle performance. C’est indéniable. Mais elle n’est pas Marilyn…Les fausses fesses, la perruque, les lunettes noires n’y font rien. Michelle Williams ne peut incarner tous les aspects de la personnalité de Marilyn. Mais qui le pourrait ? Michelle Williams est plutôt menue alors que Marilyn était toute en rondeur. Et que ce soit physiquement, ou même dans sa façon de bouger,dans ce qu’elle dégage à l’écran : non, on ne croit pas voir Marilyn.
C’est d’autant plus frappant lorsque dans certaines scènes, le réalisateur essaie de nous montrer à quel point elle pouvait être fascinante : tous les membres de l’équipe du film la regardent jouer, béas, complètement envoûtés. Alors que nous, les spectateurs de l’autre côté de l’écran ne ressentent rien de particulier en assistant à la même scène jouée par Michelle Williams.
Il y a cependant quelques moments de grâce où l’on croit voir et entendre Marilyn, pendant quelques secondes, notamment lorsque l’actrice est filmée de près.
Pour ce qui est du reste du casting, on a de tout.
Kenneth Branagh en Sir Laurence Olivier…ben voyons…deux sosies, c’est frappant ! Et puis Kenneth Branagh n’a jamais été un acteur merveilleux. Un bon réalisateur certes, (surtout pour les adaptations de Shakespeare ou les thèmes Shakespeariens…n’oublions pas que c’est lui qui a réalisé Thor) mais en tant qu’acteur, franchement… le seul rôle dans lequel je l’ai réellement aimé c’est dans Beaucoup de bruit pour rien, mais sûrement parce que l’électricité entre lui et sa femme de l’époque, Emma Thompson, était palpable. En tout cas, lui proposer l’Oscar (et Golden Globes) du meilleur second rôle pour ça ? Non, franchement, je proteste. D’ailleurs il ne l’a pas eu !
Le jeune premier, Eddie Redmayne, qui interprète Colin Clark, n’est pas si mal. Il a une innocence plutôt fraîche qui sied bien au personnage. De là à dire que le personnage a été le seul a comprendre réellement Marilyn…faut pas pousser non plus. Il est surtout présenté comme très naïf et oui, il a réussi à entrevoir la « vraie » Marilyn mais parce qu’elle a été touchée par sa candeur et qu’elle a bien voulu se dévoiler à lui. S’est-elle tant dévoilée que ça, d’ailleurs ? De plus Marilyn est présentée comme une personne certes fragile et en manque d’affection, mais également comme une mangeuse d’hommes, pour combler ce besoin d’amour, justement. Ce petit jeune est bien persuadé d’être une meilleure alternative à son mari et se présente comme le seul capable de la comprendre et de l’apaiser. Mais on se rend bien compte dans le film qu’il n’est là que pour pallier à l’abandon qu’elle a ressenti lorsque son mari est retourné aux États-Unis.
Quand aux rôles de seconds plans, ce sont de vrais petits bijoux. Notamment Julia Ormond, qui se fait décidément trop rare, en Viven Leigh (peu crédible également, je vous l’accorde mais le réalisateur n’a pas eu l’air de vouloir jouer la carte de la ressemblance), femme de Sir Laurence Olivier de l’époque. Femme bien consciente que son mari est fasciné par Marilyn et a bien d’autres intentions que de la diriger comme actrice. Elle se montre cependant bienveillante envers toute l’équipe du film, Marilyn y compris. Et ça fait tellement bien de voir une actrice qui accepte de son montrer telle qu’elle est : avec ses rides. Elle n’en est que plus magnifique.
Quand à Judi Dench, elle est toujours aussi délicieuse et ce malgré un rôle assez réduit. Elle interprète parfaitement Dame Sybil Thorndike que je ne connaissais pas mais qui – d’après ce que j’ai vu dans cette vidéo– aimait beaucoup Marilyn. On retrouve cette tendresse dans le film et on décèle même un instinct protecteur envers les deux « petits jeunes » de l’équipe : Marilyn et Colin Clark.
En bref, que dire de ce film ? Malheureusement, il est assez décevant, pour ne pas dire ennuyeux…Le rythme est très lent, très contemplatif – et j’aime le contemplatif habituellement, mais encore faut-il qu’il y ait quelque chose à contempler ! Non, disons-le franchement, on s’ennuie !
Au bout du compte, Michelle Williams ne fait pas l’affaire malgré son talent. Comme l’a dit ma colocataire en sortant du film, peut-être qu’une inconnue aurait mieux fait l’affaire. On connait trop Michelle Williams, on ne voit qu’elle. Avec une inconnue, la magie aurait peut-être mieux opéré.
Un film de : Simon Curtis
Pays d’origine : USA, GB
Avec : Michelle Williams, Eddie Redmayne, Julia Ormond, Kenneth Branagh, Judi Dench, Emma Watson, Dominic Cooper
Durée : 1h42
Date de sortie en France : 4 avril 2012
Vu en : VOST
19 avril 2012
Ouais, Scarlett y a plein de trucs qui n’iraient pas non plus…Mais c’est déjà plus le format quoi. Par contre, la voix, ça n’allait pas.
Naomi Watts ?? Sérieusement ?
En même temps, Nicole Kidman en Grace Kelly…
Faut ptête juste arrêter les biopic sinon. Une suggestion comme ça : écrivez des nouveaux scénarios, les gars, au lieu de faire que des remakes, des reboots, des adaptations ciné de livres, BD, séries, mythologies, jeux vidéo, faits réels…
19 avril 2012
Beurk ! Scarlett Johansson en Marilyn, ça aurait été pire que tout !
On parle de Naomi Watts pour une future incarnation de MM au ciné.
Moi, j’ai bien aimé, justement, que les acteurs ne ressemblent pas plus que ça à leur personnage, c’est d’ailleurs l’une de seules choses que j’ai aimée. Pour une fois que le désir de mimétisme extrême ne vient pas remplacer le jeu d’acteur dans un « biopic »…