Inherent Vice. La définition wikipédienne indique qu’il s’agit de l’état inhérent d’un objet à se détériorer. Le chocolat va fondre, certains métaux peuvent s’oxyder, etc.
Je me suis posé la question en allant voir ce film. P. T. Anderson est un réalisateur un peu spécial, ses films semblent parfois débiles, mais souvent dramatiques. En l’occurrence, le début du film est plutôt sérieux, on ne sait pas trop à quoi on aura à faire. Et à mesure que le film avance, on a l’impression d’avoir à faire à un Big Lebowski. Puis à Las Vegas Parano, mais avec un soupçon des films de l’autre Anderson (Wes). Jusqu’à ce qu’on arrive au tournant du film qui devient très sérieux. Mais pas comme une voiture incendiée par des nihilistes armés d’une fouine. Plutôt comme le sont toujours les films d’Anderson (Paul, il faut suivre). On rit, puis on se rend compte un peu tard que la blague est finie et qu’on va se faire casser la gueule. C’est d’autant plus désagréable, parce qu’on est vraiment pris au dépourvu. Mais là, on se marre à nouveau très vite, contrairement à certains de ses autres films (Magnolia ou même Boogie Nights)
Inherent Vice se pose un peu différemment. Lorsque je cite Las Vegas Parano, c’est parce qu’à plusieurs reprises on n’est pas toujours certain que ce qui se passe à l’écran n’est pas juste dans la tête de Larry Sportello, alias « Doc« , le personnage principal (Joaquin Phoenix). D’ailleurs, il passe 99% de son temps défoncé, comme une bonne partie de ses amis, qui se téléportent dans les scènes ici et là. Entre Sortilège (Joanna Newson) qui officie aussi comme voix off, son ex, Shasta (Katherine Waterston), Denis (Jordan Christian Hearn), Michael Wolfmann (Eric Roberts !) magnat de l’immobilier juif qui s’entoure de bikers nazi, Coy le musicien mort, mais pas vraiment parce qu’il est informateur pour le FBI (Owen Wilson) les bikers nazis et Bigfoot (Josh Brolin) le policier qui aime les bananes au chocolat (j’en ris encore), la palette de personnages loufoques est étoffée. Et tous sont crédibles dans ce contexte de libérations en tous genres.
Le film se passe dans les années 70 à Los Angeles. Un filtre et une bande son projettent le spectateur dans l’ambiance instagram de nos souvenirs (ou des photos de nos parents). Ça marche bien. Le délire est bien en place.
On a quand même parfois un peu de mal à suivre. Il faut bien la moitié du film pour enfin comprendre ce que Doc fait vraiment dans la vie (il est détective privé, si si). La trame posée en début de film commence à passer un peu au second plan lorsqu’une seconde trame prend le dessus. Passé un certain stade, le film devient un poil long (148 minutes tout de même). Je ne sais pas si c’était parce que j’avais faim (séance démarrant à 18h…) ou si c’est un vrai problème ceci dit…
En rétrospective, on gardera les scènes d’anthologie : une maison de hippies qui héberge des bikers nazis ; un passage dans un « institut de massage » au nom équivoque (« broute minou », rien que ça) ; un sanatorium privé, lui aussi avec des hippies et des bikers nazi. Il y a des tonnes de scènes improbables, des dialogues fantastiques. Et c’est là que se trouve la force du film. Inherent Vice est un peu long et l’histoire est chelou, mais on s’en tape en fait. Est-ce que j’aurai envie de le revoir ? Oui, parce que Josh Brolin aime les bananes.
En conclusion, à voir si vous aimez les P. T. Anderson, si vous aimez Big Lebowski, si vous aimez Las Vegas Parano. Et encore plein de raisons qui font pardonner la longueur du film et sa narration un peu alambiquée. Non en fait allez juste le voir parce que Josh Brolin aime les bananes.
Pays d’origine : États-Unis
Avec : Joaquin Phoenix, Joanna Newson, Katherine Waterston, Jordan Christian Hearn, Eric Roberts, Owen Wilson…
Durée : 149 min (2h29)
Date de sortie en France : 4 mars 2015
Vu en : VOST
La bande-annonce:
Vos derniers mots doux