[Critique] EVA – Kike Maíllo

Dès que j’ai vu la bande-annonce d’EVA, j’ai vu les robots et j’ai hurlé « ce film est pour moi ».

Affiche du film
Finalement, arrivée en salle, je me suis retrouvée plongée dans un univers loin de Science-fiction « à l’américaine » à laquelle on est habitué : ici pas de navettes autoguidées sur coussins antigravitationnels ou de reconnaissance rétinienne tous les 3 mètres.
De toute façon, avec EVA, on est ici assez loin d’Asimov puisque ce n’est pas un film traitant de robot.

Alex, un ingénieur de renom, est rappelé par la Faculté de Robotique, après dix ans d’absence, pour créer le premier robot libre : un enfant androïde.
Il retrouve alors Lana, son amour de jeunesse, et son frère David, qui ont refait leur vie ensemble.

Et il va surtout faire la connaissance d’Eva, sa nièce, une petite fille étonnante et charismatique.

Entre Eva et Alex se crée une relation particulière, et ce dernier décide alors, contre l’avis de sa mère Lana, de prendre Eva pour modèle de son futur androïde…

EVA parle avant tout des être humains et de leur complexité. Cette complexité, explicitement nichée dans tous les non-dits qui hantent la relation entre les trois adultes, Alex, Lana et David, est encore mise en exergue par opposition avec le caractère hyper verbeux et expansif du robot Max (époustouflante prestation de Lluís Homar).

Claudia Vega (EVA) & Lluis Homar (MAX)
Le parti pris esthétique d’EVA contribue à donner au film sa dimension de conte. Tel un château de belle au bois dormant où le temps se serait arrêté, tout cet univers est sclérosé et froid ; tout dans ce petit village constamment sous la neige semble suspendu dans le temps, prisonnier d’un immobilisme qui s’insinue partout. Bien que nous soyons clairement projetés dans le futur, en 2041 pour être exact, la société d’EVA est très clairement restée coincée dans les années 70, début 80. Tout y est anguleux, fonctionnel et dépourvu de couleur vive.

Eva et son velo à coté du dome de verre recouvert de neige
Pas étonnant que la petite Eva, dans son manteau rouge attire l’œil d’Alex. Elle est la personnalisation parfaite de la fougue, de la vie. Elle est le baiser magique qui pourrait réveille tout le monde, les libérer de ce temps suspendu depuis 10 ans, tel ce prototype abandonné qui attend toujours qu’on lui insuffle la vie.
Et Kike Maíllo réussi le tour de force d’éviter tous les écueils du film lent qui devient trop long et soporifique. Et c’est ce qui surprend le plus dans ce premier film : cette parfaite maitrise de la trame narrative et ce tourbillon de subtilité.

Photo de Gris
La technologie est invisible mais pourtant hyper présente pour peu qu’on sache où la trouver (tableau de bord de véhicule, tourne-disque, plaques numérique, etc.), ces robots sont si parfaitement intégrés à l’image qu’on a du mal à croire qu’ils ne sont pas réels (si vous ne gémissez pas vous aussi « je veux ce chat » en voyant se mouvoir Gris, vous n’êtes pas normal.) et surtout les acteurs sont si naturels et imprévisibles qu’ils en deviennent incroyablement crédibles.

Photo
Et le plus bluffante des performances est celle de la jeune actrice qui incarne le personnage d’Eva. Il n’est rien de plus périlleux que les enfants qui font l’acteur. Et quand le personnage exige en plus malice, irrévérence et débordement de vie, on à 99 % de chance de finir dans le mur avec des envies de meurtres. Et pourtant Claudia Vega arrive à rester sur la corde, à être cette enfant assez surprenante pour qu’on ait envie de la découvrir et tout juste assez supportable pour qu’on n’ait pas envie de la claquer.

Photo issue du générique
A l’image de son générique qui d’un coup donne tout son sens à l’expression « mécanique des fluides », EVA est un film de SF inattendu et original. Petit joyaux de douceur et de fraicheur, ce premier fils revendique lui-même sa parenté avec l’univers des contes et est une des bonnes surprises cinématographique de ce premier trimestre.

Il s’agit maintenant de garder un œil sur Kike Maíllo à qui, après un premier film enthousiasmant à tout point de vue, on souhaite une carrière jalonnée de petits bijoux tous aussi inattendus et exquis qu’EVA.

Photo du réalisateur sous la neige, en plein tournage

Un film de : Kike Maíllo
Pays d’origine : Espagne France
Avec : Daniel Brühl, Marta Etura, Alberto Ammann, Claudia Vega, Anne Canovas Et Lluis Homar
Durée : 1h34
Date de sortie : 21 mars 2012
Vu en : VOST
Plutôt que la bande-annonce qui oriente la vision du film, voici un extrait d’EVA : « Ecole »

Author: Diraen

Pour maîtriser un peu mieux le concept de la Diraen (qui se prononce « dira haine »), il faut considérer que je suis maintenant une femme de 40 ans, qui aime tellement les jeux vidéo qu'elle travaille désormais à leur production et qui raconte sa vie ici, plus ou moins régulièrement, depuis plus de 15 ans.

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