[Critique] Alice Au Pays des Merveilles – Tim Burton

Alice aux Pays des Merveilles - LogoJe me sens seule, je me sens différente, mais je m’en fiche, je vais le faire, je vais l’écrire noir sur blanc sur ce blog :

J’ai adoré « Alice au pays des Merveilles » de Burton.


J’ai passé un délicieux moment loin de tout et c’était merveilleux.
D’abord posons les bases : Alice au pays des merveilles, c’est d’abord l’univers fantasmagorique de Lewis Carroll. Ensuite c’est une interprétation toute personnelle du réalisateur de Sleepy Hollow.
Alors je vais permettre à certain(e)s d’entre vous de ne pas gaspiller d’argent : si vous n’aimez pas l’univers Alice, passez votre chemin. (Ca marche aussi si vous n’aimez pas Burton).
Ben oui dit comme ça, ça a l’air évident, mais j’ai été surprise de voir certains spectateurs qui n’ont pas aimé le film m’avouer qu’ils n’avaient jamais vraiment accrocher au monde de Lewis Carroll.
Burton ne fait pas de miracle de ce côté-là, si le thé, les non-anniversaires et le criquet avec flamand rose vous insupportaient déjà avant, ce sera toujours le cas après.

Alice aux Pays des Merveilles - alice à l'entrée

J’ai découvert Alice dans ma jeunesse, je devais avoir une dizaine d’année quand j’ai vu pour la première fois la version de 1951 « Alice aux pays des merveilles », audacieux dessin animé pour l’époque, à l’animation supervisée par Monsieur Walt Disney en personne.
Alice reste, pour moi, la matérialisation d’un constat simple : il n’y a pas de bornes à l’imagination. Les règles, la logique, les lois de la physique, le possible et l’impossible ne sont que des vues de l’esprit qui nous limitent et freinent l’accession à un ailleurs.
J’ai aimé ce dessin animé de tout mon être, il faisait vibrer chaque connexion neuronale de mon esprit (sans doute déjà malade).

Et puis j’ai grandi, je n’ai pas revu Alice depuis des années, et même si j’ai fait l’acquisition d’un magnifique livre « Les aventures d’Alice au cœur de la terre », c’était dans une démarche purement intellectuelle et littéraire.

Les aventures d'Alice au coeur de la terre - Lewis Carroll

Puis Burton est arrivé avec sa propre interprétation de l’univers de Lewis Carroll.
Sa Alice évolue dans une libre adaptation de « Alice au pays des merveilles » et de « De l’autre coté du miroir », c’est-à-dire une adaptation reposant strictement sur les mêmes bases que celles utilisées par Disney. Pour le même résultat, en tout cas en ce qui me concerne.
Mardi dernier, dans cette salle de Ciné,  j’avais à la fois 8 et 30 ans. 30 ans quand Tim Burton a débarqué, avec ses cheveux tout en pétard, presque aussi impressionné que nous,  à la projection organisée par Allociné et qu’il a pris un peu de temps pour répondre à quelques questions. Et 8 ans quand Alice est retombée dans le trou vers le pays des merveilles.

Alice aux Pays des Merveilles - Le trou
J’ai revisité, avec le même plaisir que lorsque j’étais enfant Wonderland. J’ai redécouvert les personnages et le monde d’Underland et retrouver le même émerveillement. Le fait que pour Alice ce soit un retour au pays des merveilles n’y est sans doute pas étranger. Tout était pareil mais tout était différent.
Je n’ai pas ri aux éclats, tremblée de peur ou pleurer toutes larmes de mon corps, parce que le film de Burton ne s’y prête pas. Mais je n’ai pas eu besoin d’éprouver des émotions intenses pour être intensément immergée dans cet univers imaginaire.

La prestation des acteurs y est aussi pour quelque chose.
J’ai beaucoup de mal avec le Chapelier mais c’est parce qu’il est fou et que j’ai du mal à le suivre. Johnny Depp atteint pour moi dans ce film les limites de son art actuel. C’est un peu Jack Sparrow mais avec un chapeau ce chapelier. Mais ce n’est pas désagréable de le voir à l’écran pour autant. C’est juste un peu trop familier pour Wonderland.
Par contre, l’hystérie va à la perfection à Helena Bonham Carter, et j’ai adoré détesté la reine de cœur : chacune de ses apparition à l’écran est un délice pour la sale gosse qui vit en moi.
J’ai plus de réserve pour la prestation Anne Hathaway : son interprétation de la reine blanche me fait penser qu’elle en a un peu trop sniffé. Tout ça n’a pas brisé mon immersion pour autant, même si j’aurai bien troqué un peu moins de Reine blanche pour un peu plus de Reine de Cœur.

Alice aux Pays des Merveilles - La Reine de Coeur

Les effets spéciaux sont bluffants, peut-être à cause de la 3D, et tous les personnages, déformés ou entièrement fictif, sont crédibles dans leur bizarrerie.
Depuis une semaine, je ne rêve que d’une chose : pouvoir glisser mes mains dans la belle fourrure du Chat du comté de Chester.
Mais ma grande claque a été la prestation de Mia Wasikowska, Alice détachée et sceptique, étrangement sereine et curieuse, ballottée avec un certain plaisir dans cet étrange ailleurs.
Pour moi, cette actrice sort de nulle part, je ne l’avais jamais vu et pendant les 30 premières minutes j’avais une furieuse envie de lui mettre des claques, comme ça. Pour rien.
Mais elle s’avère être une Alice merveilleusement crédible, profondément réelle et censée, sans pour autant être rationnelle et bornée, dans un monde où tout part à vau-l’eau.

Pour ma part, pas de déception au niveau du scénario, parce qu’on ne part pas pour le pays des merveilles avec un scénario sous le bras, ce serait incroyablement impoli. Je vous invite à relire les bouquins de Carroll, si ce n’est déjà fait, le scénario n’est pas épique non plus, il s’agit d’une déambulation à la découverte de l’étrange, d’un voyage initiatique, pas d’un polar noir. Et il y a même une belle morale à la fin ! Comme dans tout conte qui se respecte.

Alice aux Pays des Merveilles - La Reine Blanche

Pour finir, la 3D d’Alice m’a fait vibrer. Mes yeux se sont fermé tous seuls pour éviter de me prendre des branches en pleine figure et Sempaï s’est bien marré en me voyant me baisser pour éviter une tasse lancée par le lièvre de Mars. D’ailleurs il m’effraie. Il a l’air bien plus taré que le chapelier. Et me mets bien plus mal à l’aise que le chat. Je donnerais n’importe quoi pour qu’on lui bande les yeux et que je n’ai plus jamais à regarder sa folie en face.
Enfin bref, pour ce genre de film, le relief est à mon avis un plus qui permet de lisser l’image, d’aplanir et de faire disparaitre les différences entre prises de vue réelles et effets spéciaux.

Alice aux Pays des Merveilles - Le Chat-du-comté-de-Chester

Burton nous livre là un beau film, sans doute loin de ce que le public attendait. Mais si Burton est là où on l’attend, serait il encore Burton ?
J’ai peut-être manqué de recul lors de cette projection, mais pourquoi vouloir intellectualiser une démarche purement adressée à mon imaginaire ?

Je ne sais pas ce que les gens espéraient de ce film, mais pour ma part, j’étais à Underland, et en sortant de la salle, j’ai réalisé combien ce pays m’avait manqué pendant toutes ces années.
Ah, et si vous voulez vous faire une idée par vous même, le film sort sur tous les écrans de France et de Navarre dès demain !

Alice aux Pays des Merveilles - Le Chapelier Fou
Et pour prolonger l’immersion, jetez un coup d’œil aux jeux du même nom sur Wii et DS.

Author: Diraen

Pour maîtriser un peu mieux le concept de la Diraen (qui se prononce « dira haine »), il faut considérer que je suis maintenant une femme de 40 ans, qui aime tellement les jeux vidéo qu'elle travaille désormais à leur production et qui raconte sa vie ici, plus ou moins régulièrement, depuis plus de 15 ans.

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10 Comments

  1. Oui, Ponyo, il est assez particulier… J’avoue que je préfère Chihiro ou Mononoké ; ça touche plus à ma tranche d’âge que des enfant de 5-6 ans ^^
    En fait Miyazaki voulait aller en retraire, cesser de faire des films, depuis Mononoké Hime et même avant (son travail lui prenant tout son temps)… Le truc c’est qu’à cause d’un déboire avec son fils qui veut le « remplacer » (mais Miyazaki l’en pense indigne pour l’instant), ben… Miyazaki reste. Mais cet atmosphère déteint un peu, j’imagine, sur ses réalisations.

    Après je ne suis pas réellement un fanboy de lui en particulier ; « Pompoko » ou « Il suffit de tendre l’oreille » sont aussi vraiment pas mal dans leurs style.
    N’empêche qu’Hayao, il touche dans mes cordes sensibles ; l’écologie, la psychologie humaine… Qu’il fasse un truc orienté informatique et je serais un fanboy en définitive ! 😆

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  2. C’est quoi le dernier Miyazaki ? Ponyo ? Ahem j’en ai pas entendu du bien, hors Miyazaki-fanboy.

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  3. J’ai sauté Alice (dans le sens du boycotte) afin de regarder de nouveau Miyazakis (je sais, le DL c’est mal, mais vachement pratique quand même !)… Je ne regrette pas. Franchement, je me disais qu’Avatar valait le coup jusqu’à ce que je me revisionne Mononoké Hime. Et ben y a pas photo !
    La 3D c’est bien 5 minute mais ça ne rivalise pas avec un vrai scénario, et des personnages vraiment attachants !

    Donc j’emmerde la technologie (ça sera bien une première), et je reregarde nos bons vieux films d’animations qui trouent tout simplement le cul ! :love:

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  4. Grands Dieux ce que je suis heureuse d’avoir lu ton article ! Non mais vraiment. Toutes ces critiques négatives et infondées, de personnes qui n’avaient absolument rien compris au fait que les livres de Lewis Caroll ne sont pas scénarisées et que par conséquent, ce film ne devait pas l’être non plus. Pour toutes tes remarques si pertinentes, MERCI. Je pensais être la seule à avoir aimé à sa juste valeur ce film dont l’histoire dont il est tiré est une obsession pour moi. Alice fait partie de moi tout autant que tu as l’air de le penser pour toi, alors je te comprends 🙂
    .-= En ce moment chez Lou : # Twit-twit !Il était temps. Je me languissais du… =-.

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  5. @ Galathys : coupiiiiine !
    @ Nalexa : Les couleurs trop flashy peut-être ?
    @ Force Rose : Mais punaise, je suis la seule qui a éviter les tasses du lièvre ou quoi ? Je vais finir par me poser des questions sur ma santé mentale !
    @ iztkombi1 : J’ai pas dit que le jeu de Johnny Deoo était mauvais hein ! J’ai dit qu’il était convenu, ou plutôt que c’était encore du Johnny Depp.
    Pour ce qui est des sous-titres, ils ne m’ont pas été d’un grand secours : quand j’en avais besoin c’était sur les mots valises, et je le temps que je jette un coup d’oeil dessus, ils avaient disparut… super !

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  6. Je serais plutôt d’accord avec toi sur la plupart des points … sauf sur la 3d que j’ai trouvée pourrave et le jeux d’acteur de Depp que j’ai trouvé particulièrement bon. J’ai, en revanche, beaucoup moins aimé Alice. Anne Hathaway est par contre juste exaspérante.
    Dans l’ensemble j’ai passé un bon moment !!

    Mauvais point : Les sous titres étaient juste ignobles en terme de traduction … j’envie mes potes qui ne comprenaient rien à l’anglais … ou je les plaints.
    .-= En ce moment chez iztkombi1 : 1 blogpost = 10 repas pour les restos du coeur !!! =-.

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  7. Moi aussi j’ai adoré !!! :love:
    Je suis d’accord avec toi en tout point, sauf pour la 3D : j’ai eu beaucoup de mal à supporter les lunettes et le procédé m’a plus gênée qu’autre chose…

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  8. Bon j’ai craqué je voulais pas lire avant d’avoir fini mon truc mais je l’ai fait :p
    Pour moi le problème du film c’est que je n’ai jamais réussi à être à Underland totalement et que j’ai du mal à dire pourquoi …
    .-= En ce moment chez Nalexa : [Aperçu] Jeux Alice au pays des merveilles =-.

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  9. Bienvenue au club de ceux qui ont adoré Alice !!! \o/
    Soyons fort face à la blogo ciné déçue ! On a 8 ans et on kiffe et on a bien raison ^^
    .-= En ce moment chez Galathys : Comment faire un film de … =-.

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