J’ai été très émue ce matin d’apprendre la mort de Claude Chabrol. Mais vraiment émue, genre avec la petite larme au coin de l’oeil.
Parce qu’il y avait un truc entre ce réalisateur et moi.
J’ai passé un bac cinéma-audiovisuel et je n’oublierais jamais le tout premier film que j’ai été voir dans le cadre de mes études.
D’abord parce que j’avais le trac : mes camarades avaient suivi ce cursus pendant un an, en seconde, et moi j’étais le petite nouvelle, celle qui n’avait jamais rédiger la moindre fiche d’analyse sur un film.
Et ensuite parce qu’en sortant de la projection, j’avais pris une énorme claque. Le cinéma français venait de se révéler à moi avec La cérémonie, moi qui ne connaissait que le cinéma américain et plus précisément les block-busters.
Je ne me souviens pas bien de l’histoire dans ses détails, mais je me souviens être passée par toute un palette d’émotion ; d’avoir été bluffée par l’interprétation des actrices, par le sentiment d’avoir saisi le moment précis où se noue le drame et d’avoir assisté, spectatrice impuissante, à l’inexorable avancée du destin. J’avais vu quelque chose d’exceptionnel et j’avais eu 14 à mon analyse.
Et après ça, j’ai aimé tous les films de Chabrol que j’ai vu.
Et puis Monsieur Chabrol a vécu à Saumur, à 40 km de là où j’ai grandi, et parce qu’il aimait découvrir de nouvelles choses, il était présent lors du Festival Premier Plan d’Angers en 1998.
C’était l’année de mon bac, l’année du film de fin d’étude et en à ce moment-là, on avait une version quasi définitive de notre scénario.
Et parce que Chabrol était un vrai passionné de cinéma, il a accepté de lire notre scénario et de rencontrer notre équipe, ce qui déjà était très classe.
J’ai passé une heure et demi merveilleuse, avec un homme très joyeux qui nous a parlé avec passion de son art, sans nous infantiliser, qui a partagé son avis sur notre histoire, qui nous a donné des idées de mises en scène super sympa. En toute simplicité.
Et c’est ce qui me fout le bourdon : en plus d’un grand réalisateur, aujourd’hui le cinéma français a perdu un homme enthousiaste, simple, passionné et généreux. Un homme bien.
Adieu Monsieur Chabrol.
15 septembre 2010
Un grand monsieur avec qui j’aurai rêvé travailler…